« Faire société »

06/10/2022 14:30

Conférence de Jean-Pierre Sylla, membre titulaire.

« Faire société », telle est l’injonction faite aujourd’hui à la république dûment érigée en état-nation. Plus de deux siècles durant, les Lumières y ont instillé, sur les fondements de la raison, des ambitions d’universalité. Au nom d’une émancipation tant attendue, la société contemporaine s’est nourrie des valeurs salvatrices du progrès imposant : le primat l’individu, le postulat du libéralisme, l’emprise de la technoscience et la domination de la nature ; toutes choses devant être sources d’un « bonheur matériel » enfin acquis. Les sixties et les Trente Glorieuses parachèvent les vœux d’un progrès linéaire et continu évoqué par Condorcet. L’après modernité voit advenir la société-monde imbue de ses excès et pétrie de ses doutes ; une société atomisée, qui semble faire sécession, mais où triomphe l’individualisation dont Tocqueville (1805-1859), ce nouveau Montesquieu (R. Aron, 1967), inspirateur de la sociologie moderne avait prédit les transformations profondes.